À propos de l’auteur

UN PARCOURS, UNE VIE, DES PASSIONS…

Première partie

En mai 2016, une lettre des Éditions Thot m’annonça que mon premier roman, « Retour à Gaïa » avait été accepté par leur comité de lecture et qu’une publication du livre était envisageable. En lisant ce courrier, je me suis effondré en larmes.

Une enfance en terre française, à la sauce sicilienne

Je suis venu au monde dans une famille sicilienne. Mon père avait passé quelques mois en France avant de retourner au pays, épouser ma mère et la ramener à Gap dans les Hautes Alpes. Ce fut probablement une expérience inédite et perturbante pour elle, loin de son lieu de naissance, sans connaître un mot de français. Ma petite enfance fut donc bercée par la musique d’un dialecte lointain, entremêlé de bribes de français. Autant vous dire qu’en dehors du foyer familial le monde m’apparaissait bien étrange et peuplé de personnes s’exprimant dans une drôle de langue.

Plus tard, à mon arrivée à l’école, je me suis aperçu que l’étranger, c’était moi. En classe je restais la plupart du temps silencieux, et comme je ne me faisais pas confiance pour prendre la parole, j’évitais d’ouvrir la bouche, et me fermais davantage. Quand j’étais interrogé par le maître, je bricolais une phrase remplie de mots de toutes origines, français, italien, sicilien, et d’autres, purement inventés ou mal employés. Autant vous dire que mes notes furent affreuses pendant de nombreuses années scolaires, et ce jusqu’au lycée. L’apprentissage de cette langue s’est apparenté pour moi au parcours du combattant, ce que mon père, heureusement, comprit très vite en m’inscrivant à des cours de soutien. Ah le célèbre Bescherelle rouge et ses tableaux de conjugaisons ! Combien de fois je les ai copiés au papier crayon dans mon cahier à gros carreaux, je ne saurais vous le dire. Mais une chose était certaine, manier le français ne fut pas un long fleuve tranquille.

Ce qui m’a sauvé ? La télévision !

Mes parents eurent la bonne idée d’en acheter une rapidement, ce qui me permit d’entendre la langue d’ici et de me familiariser avec les tournures grammaticales et le vocabulaire. Même si je ne comprenais pas tout, le contexte m’aidait à saisir les nouveaux mots. Bref, vous l’avez deviné, j’ai mis des années à atteindre un niveau médiocre, période pendant laquelle tous mes petits camarades faisaient eux des progrès énormes. Ce n’est qu’à l’université que je finis enfin par recueillir le fruit de mes efforts en obtenant à peine plus que la moyenne (12 reste toujours ma meilleure note), ce qui constitua pour moi un exploit.

Quant à la langue de Dante, là aussi, je vécus de nombreuses déconvenues, car en arrivant en cours d’italien en 4ème, je m’empressai de répondre aux questions et je voyais alors invariablement le professeur me faire un signe négatif du doigt : « questo non è italiano ! “(‘ça, ce n’est pas de l’italien’). J’employais beaucoup trop de mots siciliens. Mes petits camarades qui apprenaient leurs leçons par cœur récitaient parfaitement les textes assimilés et obtenaient de bien meilleures notes que moi.

Merci Synchronicité ! 

L’idée d’écrire un roman remonte à très longtemps, L’étude du français a été un chemin semé d’embuches, de sueur et parfois de larmes. Mais au fil du temps, le plaisir de lire a émergé et m’a permis de découvrir des œuvres majeures et des auteurs passionnants. Je les enviais et, secrètement, j’ai nourri petit à petit l’espoir de les imiter un jour. Parallèlement, la musique a occupé une place privilégiée dès mon plus jeune âge. J’ai appris la guitare et dans la foulée j’ai créé mon premier groupe à quinze ans. Cette engouement ne m’a plus quittée jusqu’en 2013, date à laquelle j’ai senti qu’il fallait faire une pause. C’est dans cette période de temps libéré que l’idée d’écrire enfin ce fameux roman est remonté à la surface. Après tout, j’avais été capable de rédiger des textes de chansons, et ceux-ci avaient reçu un accueil plutôt favorable.

Alors pourquoi pas un livre !

J’avais beau y penser régulièrement, les jours passaient et je n’avais toujours pas couché la moindre ligne sur le papier. C’est le moment que l’univers choisit pour m’envoyer un signe. Plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis l’instant où ce projet avait germé dans mon esprit. Pourtant je ne parvenais pas à m’y mettre. Un soir, alors que je zappais devant mon téléviseur à la recherche d’un programme intéressant, je finis par tomber sur un homme, debout sur une scène, qui s’exclama : ‘Parfois, on se lance des défis dans la vie, comme… écrire un livre !’ et il pointa un doigt dans ma direction. Je n’en revenais pas. Les mots résonnent encore dans ma tête : ÉCRIRE UN LIVRE. J’avais lu de nombreux articles sur les synchronicités et voici que l’univers m’en gratifiait d’un assez révélateur. Moi qui suis très sensible aux signes, j’y vis là une validation de mon intention.

Le lendemain, je pris la plume et commençai la rédaction de ‘Retour à Gaïa’. Le titre initial, ‘Terra Incognita’, était malheureusement déjà employé et je dus en changer, à mon grand regret.

Je pris alors conscience du plaisir jubilatoire à composer une histoire, créer des personnages, leur trouver des noms, un passé, un caractère. Je consacrais toujours plus de temps à cette activité. Quelques mois plus tard, au hasard d’une discussion avec des amis, je leur révélai le projet dans lequel je m’étais engagé. Leur enthousiasme et leur empressement à découvrir le livre me décontenancèrent, car ma première intention restait de savoir si j’étais capable d’écrire un roman, pas d’être lu. J’étais loin d’imaginer l’aventure incroyable qui m’attendait.

Deuxième partie

Des moments décisifs

Lorsque j’arrivai à la page 324 du roman, je décidai que l’expérience était concluante. J’avais atteint l’objectif que je m’étais fixé et je mis un point final au récit, lequel par la suite se révéla plutôt être des points de suspension. Quelques jours plus tard, je reçus un mail d’un ami psychologue, Gérard, avec lequel j’avais travaillé quelques années dans le domaine de la formation et qui avait ouvert son propre cabinet de consultation :

Bonjour Placide,
Je viens de télécharger ton bouquin. Je suis en train de le lire. Coïncidence ? Aujourd’hui, je n’ai aucun client — des reports de rendez-vous et des annulations — donc, j’ai le temps. Je vais commencer le chapitre 6 et découvre dans les 5 premiers que tu écris sur un thème qui (coïncidence ?) me passionne, et un thème au sujet duquel (coïncidence ?) je viens de découvrir et télécharger gratuitement ce WE un
livre que je te mets en PJ… Je retourne à ton roman. MERCI !’

Deux autres mails suivirent, m’alertant sur quelques coquilles, et puis plus rien jusqu’à 16 h avec un dernier message que je vous laisse découvrir dans les commentaires sur mon site internet. C’était une des toutes premières critiques et elle m’a donné une plus grande confiance en mes capacités à écrire. Je dois avouer qu’elle me mit du baume au cœur. Je voudrais lui exprimer ici toute ma gratitude.

Le roman existait en version numérique et très vite le désir de le voir se concrétiser sous format papier ne me quitta plus. Je suis encore de la vieille école et j’adore sentir la texture d’un livre entre les mains, feuilleter les pages, le porter, l’apercevoir rangé dans une bibliothèque. Je me rendis dans une boutique de photocopie et d’impression à deux pas de mon domicile. Le prix pour une trentaine d’exemplaires, en noir et blanc sans photo de couverture me sembla abordable, et de toute façon, il me fallait une version papier. Quelques jours plus tard, je tenais enfin l’objet entre mes mains. Une satisfaction immense m’envahit et j’en fus très ému. J’en offris aux membres de ma famille et proposai de vendre le reste, à prix coûtant, aux amis qui m’en avaient fait la demande pressante.

Les premiers retours, très encourageants, arrivèrent rapidement et évoquèrent l’idée d’une publication. C’est à ce moment-là qu’intervient Michel, féru de littérature et qui avait fait partie du comité de lecture chez les Éditions Thot, à Fontaine (38), pendant quelques années. Un jour, j’ai eu la chance de voir sa bibliothèque et je fus fortement impressionné par le nombre de livres qu’elle contenait. Sa passion à lui c’était la fantaisie urbaine, mais il accepta de lire mon roman et me fit le commentaire suivant :

— C’est pas vraiment ma tasse de thé et je trouve que ça se finit en queue de poisson.

Je ne sus trop quoi répondre.

– Euh, oui. En fait… une suite est prévue. J’ignore encore comment cette phrase sortit de ma bouche.

Puis il me délivra des critiques pertinentes comme à son habitude et termina par ce conseil :

— C’est pas mal ! Je pense que tu pourrais le présenter chez Thot.

C’est ainsi que l’idée de publier le livre prit forme, petit à petit. Je suis allé rencontrer le directeur de cette maison et j’ai envoyé mon manuscrit. La suite vous la connaissez. Lorsque le roman est paru, j’ai eu l’occasion de participer à des salons, de côtoyer d’autres auteurs et bien sûr d’approcher des lecteurs. Les séances de dédicaces se sont succédé, dont celle qui s’est déroulée à Gap, chez Davanier, où j’allais acheter, lycéen, mes premiers manuels. Ce fut un grand moment d’émotions. Très rapidement, j’ai créé un site internet qui m’a permis de recueillir les premiers commentaires, toujours en ligne. Cette incroyable aventure, totalement imprévue, m’a fait comprendre à quel point les gens vouent un véritable culte à la lecture.

Plus tard, j’ai commencé l’écriture de la suite, mais pour des raisons professionnelles, je n’ai pu y consacrer le temps nécessaire. Je l’ai rédigé par bribes, à intervalles irréguliers. Ce n’est que récemment que j’ai mis les bouchées doubles. À présent, le texte est achevé et sa publication est imminente.

La belle aventure continue.

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